Cannes, durant dix jours devenant le point névralgique de la photographie, j’aspirais et espérais trouver une petite place sur le côté de ce mythique tapis rouge.
Mais elles sont chères, quelque 200 photographes sont accrédités pour accéder au bord du velours.
Et pour en être, comme c’est souvent le cas, il faut être directement envoyé par un média (journal, agence, ville, marque etc…).
Sipa, mon agence, a déjà une équipe rodée à l’exercice. Pas besoin de moi….
Mais c’est une autre agence, aussi connue, qui décide grâce à mon réseaux de bonnes âmes, de me faire confiance, pour 4 montées de marche. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que j’ai pris quelques claques…
Vendredi 17h, frais et costumé, j’attends mon tour, au portique de sécurité précédant l’accès au tapis, comme à l’aéroport.
Je prends ma place, au pied des marches, pas stressé, vie cool, moment cool.
Seul consigne, le flash, dixit l’agence. OK, je connais pas trop le flash, je n’utilise (quasiment) jamais cette horrible guirlande qui alourdit le boitier.
Les premiers invités, les premières stars, sur le tapis, ça crie comme à la poissonnerie “PEEENNNEEELLLOOOPPPE ON YOUR SHOULDER PLEASE!!!!!!!!!”

l’actrive Penelope CRUZ, sur le tapis rouge du 72 ême festival International du Film de Cannes, Mai 2019.
Moi j’ai jamais fait ça, j’aime pas interférer, je suis un photographe en pleine expansion, j’ai mon style patin coufin…
1h30 de montée, je monte au Média Center, mon bureau provisoire, ou l’éditrice m’attend. Sympa, elle ma gardé une place à coté… Toujours fier, toujours confiant…
Alors pour faire court, une éditrice photo (ou un éditeur photo) c’est le bras droit du photographe de presse, le gauche aussi. C’est lui ou elle, qui, en expert de l’image, sait quelles sont les images qui vont se vendre ou pas. Aussi appelée iconographe, elle connait sur le bout des doigts les règles de cadrage, les règles colorimétriques etc…
Bref, un oeil absolu et ciselé.
Je termine mon éditing, et à la lecture de la clef usb, l’icono se décompose » trop jaune, trop sobre, trop contrastée, ça va pas ». Elle ne garde que 10% de mes images…
C’est la douche froide, et ce n’est pas de bon augure.
C’est ma première claque et c’est aussi la première fois, depuis le début de cette incroyable aventure photographique commencée il y a un an, que je suis réellement en difficulté.
Deuxième montée, l’objectif est un collier posé sur le coup d’un top-model. L’agence est en contrat avec la marque de bijoux, interdit de se louper.
Le top arrive, concentré, j’enchaine les photos, check derrière, c’est net, pas moche, ça devrait le faire.
…. C’est flou….
Oui, la photo est belle, l’oeil est net, mais à 200mm et ouvert à f/4, le collier n’est pas sur le même plan, donc pas net… Deuxième claque.
J’ai effectué 4 montés des marches cette saison, la dernière était plus facile, mais j’ai mesuré la difficulté inhérente à la photo de ce tapis rouge.
Gérer et comprendre la lumière, est une vraie épreuve de force et tout va très vite. Les retouches sont complexes et la peau est difficile à retranscrire dans la bonne colorimétrie.
Mais c’est aussi surexcitant que c’est compliqué. J’espère avoir pu transformer l’essai et en être l’an prochain.
Je vous laisse avec une petite série de quelques moments captés sur ces marches. Ici les photos sont retouchées selon mon style.
Elles ne seraient jamais passées pour mon boss….
à bientôt.